INADES-Formation Côte d’Ivoire et Ethical Trade Norway, avec l’appui financier de la coopération norvégienne au développement (Norad), ont officiellement lancé, le mercredi 10 décembre 2025, le Projet d’appui à l’amélioration de la durabilité de la filière anacarde en Côte d’Ivoire. Cette nouvelle étape marque un tournant stratégique, orienté vers la diversification des produits dérivés du cajou et le renforcement de la résilience économique des producteurs.
La culture de l’anacarde occupe une place de plus en plus centrale dans l’économie ivoirienne. Premier exportateur mondial de noix de cajou brute, le pays produit plus d’un million de tonnes par an, assurant des revenus à près de 500 000 ménages agricoles, soit environ 2,5 millions de personnes. En parallèle, les autorités ivoiriennes affichent l’ambition de transformer localement 50 % des amandes d’ici à 2030, afin de capter davantage de valeur ajoutée.

Cette dynamique de croissance n’est toutefois pas exempte de difficultés. L’extension rapide des plantations a contribué à une déforestation préoccupante et à une perte de biodiversité, entraînant l’appauvrissement des sols et la fragilisation des écosystèmes. À ces enjeux environnementaux s’ajoutent la volatilité des prix, qui accentue la vulnérabilité des producteurs dépendants d’une seule culture, ainsi que les défis liés aux conditions de travail dans les unités de transformation.
C’est pour répondre à l’ensemble de ces problématiques qu’INADES-Formation Côte d’Ivoire et Ethical Trade Norway ont uni leurs efforts, avec le soutien financier de Norad, autour du Projet d’appui à l’amélioration de la durabilité de la filière anacarde. L’initiative vise à renforcer l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, depuis les producteurs et leurs organisations jusqu’aux unités de transformation et aux acheteurs européens, avec pour ambition de promouvoir une filière plus responsable, inclusive et durable.

Le projet est mis en œuvre dans les régions de la Marahoué, du Gontougo et du Bounkani, ainsi qu’à l’échelle nationale à travers la FENAPACI. Les bénéficiaires directs sont les producteurs membres des coopératives COPABO, COCOPRAGEL et COPRODIGO.
Présentée lors d’un atelier de lancement le 10 décembre, cette deuxième phase s’inscrit dans la continuité des actions menées entre 2021 et 2024. Elle ouvre de nouvelles perspectives, notamment à travers la valorisation des produits dérivés du cajou, considérée comme un levier majeur pour renforcer la résilience économique des producteurs.
Lors de la cérémonie, Simen Hoy Dypvik, Senior Adviser à Ethical Trade Norway, a insisté sur l’importance d’une approche collaborative impliquant l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur. « Mettre tous les acteurs autour de la même table permet une meilleure compréhension des défis du terrain, tout en mobilisant les acheteurs européens autour des exigences de transparence et de commerce responsable », a-t-il souligné. Selon lui, cette concertation est essentielle pour concilier les exigences des marchés internationaux avec les réalités agricoles locales.
Revenant sur les résultats de la première phase du projet, mise en œuvre entre 2021 et 2024, Bamba Mamadou, chargé de programme à INADES-Formation Côte d’Ivoire, a présenté des acquis jugés encourageants. Cette phase a permis l’engagement de 1 000 producteurs dans des pratiques agroécologiques sur près de 3 000 hectares, avec une réduction notable de l’usage des pesticides chimiques. Elle a également favorisé la vente groupée de 67 % de la production des trois coopératives partenaires, renforçant ainsi le pouvoir de négociation des producteurs. À cela s’ajoutent la mise en place d’un mécanisme innovant de constitution de stocks, facilitant le fonctionnement des unités de transformation en période de faible trésorerie, ainsi que la création de champs écoles paysans et de dispositifs internes de diffusion des bonnes pratiques agricoles.
La deuxième phase du projet entend consolider ces acquis tout en s’attaquant à de nouveaux défis structurants. L’un des axes majeurs porte sur la valorisation de la pomme de cajou, encore largement sous-exploitée. La transformation de ce fruit en jus, confitures, sirops et autres produits alimentaires vise à diversifier les sources de revenus des producteurs et à réduire leur exposition aux aléas climatiques et aux fluctuations du marché.

Un autre volet important concerne la promotion des intrants organiques. Chaque coopérative bénéficiaire sera dotée d’une unité de production d’engrais organiques, dans l’objectif de réduire la dépendance aux intrants chimiques, d’améliorer la fertilité des sols et de renforcer l’adoption de pratiques agroécologiques durables.
Le projet accorde également une place centrale au renforcement des organisations de producteurs et au plaidoyer. Il s’agit d’améliorer la gouvernance de la filière en renforçant les capacités des coopératives à défendre leurs intérêts, à participer activement aux instances décisionnelles et à mieux comprendre les exigences des marchés internationaux, notamment européens, en matière de transparence et de traçabilité.

Représentant le ministère de l’Agriculture, Richard Delo, de la Direction des Cultures Pérennes et d’Exportation, a salué cette initiative, qu’il considère comme un levier important pour dynamiser la filière anacarde en Côte d’Ivoire. Il a souligné son potentiel pour renforcer la valeur ajoutée locale et stimuler l’innovation agroalimentaire.
À travers ce projet, INADES-Formation Côte d’Ivoire, acteur national au service du bien commun et Ethical Trade Norway réaffirment leur ambition de contribuer à la construction d’une filière anacarde plus durable, plus inclusive et plus résiliente. Au-delà de son rôle de produit d’exportation, l’anacarde est appelé à devenir un véritable moteur de développement local, conciliant protection de l’environnement, amélioration des revenus agricoles et respect des normes sociales et environnementales.


