Les pesticides sont des substances utilisées pour lutter contre des organismes considérés comme nuisibles (mauvaises herbes, insectes, champions…). C’est un terme générique qui rassemble les insecticides, les fongicides, les herbicides et les parasiticides, conçus pour avoir une action biocide ou d’élimination des organismes nuisibles précités. Ils sont des produits issus du progrès de la chimie minérale qui s’est développée au 19eme siècle, notamment à travers la mise en place du dichlorodiphényltrichloroéthane connu sous le nom de DDT mais rapidement interdit sur les marchés[1].
Au Tchad, l’emploi des produits chimiques en général et les pesticides en particulier a véritablement commencé avec l’introduction du Coton en 1927 par l’Association Cotonnière Française dans l’espace colonial A.E.F (Afrique Equatoriale Française), même si déjà dans les années 1918, les Belges commencent à poser la base de l’industrie du Coton avec certains produits de protection phytosanitaires[2].
Depuis lors, plusieurs types de pesticides tels que le DDT connu sous le nom vulgaire « Ladrine », le patcha RS, le PESTOX… sont utilisés régulièrement comme insecticides par les producteurs. Certains producteurs utilisent l’AminoForce2,4-D ; le Phénols nitrés, les amides, ou d’autres produits pour éliminer les mauvaises herbes avant l’installation de certaines cultures maraîchères et le sorgho de décrue « bérbéré » comme ce fut le cas relevé dans les photos ci-dessous d’un champ traité au « Rundong », un herbicide non homologué avec un effet de destruction systématique de toute graminée dans un champs d’un exploitant à Loumia dans le Chari-Baguirmi.
Constats de la dangerosité des pesticides dans les zones d’intervention d’Inades-Formation Tchad
Dans les zones d’intervention d’Inades-Formation Tchad en dépit des appuis conseils, des formations et sensibilisation réalisés au profit des producteurs accompagnés à travers les projet et programmes, certains producteurs maraichers utilisent beaucoup des herbicides de tout genre et sans le respect des normes sécuritaires et de protection. En effet, on constate que le DDT produit utilisé dans la protection du coton et interdit déjà dans le marché agricole est utilisé pour la protection du Niébé contre certains coléoptères et bruches ou sur les cultures maraîchères notamment les choux contre les papillons succès et la teigne.
Or, ce sont des produits dangereux pour l’organisme humain et surtout pour d’autres insectes non ciblés mettant ainsi en péril la biodiversité des zones d’intervention. Leur usage sur les produits maraichers et autres cultures comme le niébé constitue un danger pour les agriculteurs eux-mêmes et les consommateurs de ces produits.
C’est pourquoi, dans le cadre de la promotion des vivres de souveraineté à travers les Cercles des Innovateurs Locaux de l’Agroécologie (CILA), Inades-Formation Tchad a réalisé en août dernier, une série de rencontres de sensibilisation des promoteurs de l’agroécologie et les producteurs de semences ( semences homologuées de Sorgho S-35, Mil GB et Niébé T-N 5 et des semences locales par sélection massale) sur les dangers que représentent ces pesticides pour la santé humaine et la destruction de l’environnement et de la biodiversité. Car, dans l’emploi des pesticides, une petite partie parvienne aux ravageurs ciblés. Mais le reste du produit peut soit tomber directement dans le sol et les points d’eau de surface ou peut être ingéré par d’autres insectes et oiseaux et même pour l’homme lorsque les produits traités se retrouvent dans les assiettes des consommateurs.
L’utilisation de ces produits tend à croitre bien que le Tchad dispose, non seulement d’une liste exhaustive des pesticides homologués à l’instar des autres pays du CILSS (Comité inter-Etat de Lutte contre la Sècheresse dans le Sahel) mais également des législations en la matière dont la Loi N° 14/PR/ 95 sur la protection des végétaux.
Les mesures alternatives envisagées
Comme alternative à l’emploi des herbicides, Inades-Formation Tchad prône une série des techniques et pratiques culturales allant de la rotation des cultures à la lutte intégrée, en passant par la lutte biologique ou le nettoyage du sol et des plantes.
L’accompagnement dans cette recherche d’alternatives, consiste à amener les producteurs à réorienter leurs modes de production, de transformation, de traitement et conservation des produits agricoles vers des méthodes plus respectueuses de l’environnement, de la santé de l’être humain et du milieu.
A cet effet, quatre types d’approches autres que les méthodes chimiques à savoir la lutte physique, la lutte biologique, les biopesticides et la lutte intégrée seront promues. Ces quatre méthodes sont connues depuis bien longtemps, mais avec l’arrivée des pesticides, elles sont peu à peu oubliées non pas par manque d’efficacité mais par la recherche de la facilité et arguments souvent non avantageux avancés par les fabricants et vendeurs des pesticides modernes. Du fait de leurs faibles coûts ou de leur durée de protection qui s’étale sur plusieurs mois, les pesticides restent un danger pour le système de production durable et susceptible de créer une dépendance des agriculteurs.
Cultures sans pesticides chimiques