Lorsqu’on entend le terme « asticot », on pense toujours à des bêtes associées à la pourriture et la puanteur qui n’ont aucune valeur. Cependant, certains pisciculteurs et piscicultrices entomoculteurs/trices font des merveilles à partir des asticots et obtiennent des revenus substantiels.
C’est le cas de Stéphane FOUAPOU, 28 ans, ingénieur agronome. Ce jeune Camerounais a nourri l’ambition de réduire le coût de l’alimentation des animaux (poulets. poissons, porc) grâce aux larves des mouches soldates noires depuis sa tendre jeunesse. Cela n’a pas été bien perçu par son entourage, car plus tard, ses proches l’ont traité de fou. Passionné par ces petites bêtes, Stéphane va continuer ses études et obtenir un master professionnel en 2022. Après ce parcours académique, il se lance dans l’enseignement où il exerce pendant quelques années avant de réaliser, en 2022, le rêve de sa vie : l’élevage des asticots. « J’ai préféré me tourner vers l’élevage des asticots qui a été une très grande réussite pour moi par la suite. », va-t-il marteler.
Stéphane FOUAPOU a vu son business s’accroitre au bout de 2 ans
Résidant dans la ville de Yaoundé (capitale politique du Cameroun), Stéphane FOUAPOU plus connu sous l’appellation « l’homme des mouches », dispose à ce jour une ferme familiale qui s’étend sur 2 hectares. A ses débuts, le jeune entomoculteur qui fait également dans l’élevage de la volaille et du poisson avec l’aliment importé s’est rendu compte que cet aliment lui revenait trop cher et avait un impact négatif sur l’environnement et la santé. Depuis lors, il a décidé de s’investir totalement dans la production des asticots à partir des mouches soldates noires. « La taille de mes poissons a doublé. Un poisson devient adulte rien qu’en quatre mois seulement et est prêt pour la vente, alors qu’il fallait attendre une année entière dans le passé. De plus, je ne me fais plus avoir en achetant des aliments falsifiés vendus sur le marché ouvert. Je compose moi-même mes aliments à base des asticots produits dans ma ferme et ils sont de haute qualité. », explique-t-il.
Comment a-t-il débuté son activité ?
Stéphane FOUAPOU affirme : « Les débuts ne sont jamais faciles ». Dans le cadre de nos échanges, il se souvient d’une époque où ses rendements étaient médiocres, le coût de production de ses animaux était élevé, l’aliment était indisponible et les produits agrochimiques dont il dépendait n’étaient pas fiables.
L’aventure de Stéphane dans la production des asticots démarre après sa participation à une formation de multiplicateurs organisée par l’organisation PELUM Ouganda dans le cadre du projet KCOA en 2018 et les formations des projets familiaux St Jude, dans le district de Masaka, en Ouganda
Impressionné par ce qu’il avait vu à Masaka, l’homme des mouches était impatient de rentrer chez lui, à Yaoundé, pour mettre en œuvre sa nouvelle découverte et l’enseigner à ses concitoyens.
Aujourd’hui formateur dans plusieurs organisations de la société civile, Stéphane prodigue des conseils aux agriculteurs et aux agricultrices. Il leur demande de faire toujours attention lorsqu’ils élèvent des vers. Il déclare : « Les bonnes pratiques agricoles et les bonnes
méthodes de fabrication doivent faire l’objet d’un suivi pour éviter la transmission de germes ou de produits chimiques dangereux aux animaux et éventuellement aux humains. »
Par ailleurs, il ajoute que si l’on utilise des déchets tels que les ordures ménagères ou les résidus agricoles pour nourrir les insectes, ces insectes élevés doivent être transformés de la bonne manière pour tuer les germes. Cela est possible lorsqu’on les fait bouillir, cuire à la vapeur avant de les faire sécher. Les insectes transformés doivent être bien conservés pour préserver leur qualité et éviter qu’ils pourrissent ou moisissent.
Le regard de son entourage
Traité au départ de « fou », le jeune entrepreneur soutient que sa patience est récompensée, par de bonnes affaires. Il dispose aujourd’hui d’une entreprise et cette entreprise a déjà contractualisé avec des organisations telles que INADES, CPF, SAILD et bien d’autres. Grace à ses gains, Stéphane parvient à envoyer ses petits frères à l’école. En outre, renchéri-t-il, « En ce qui concerne les membres de ma famille, je suis perçu comme un modèle pour les jeunes. Quelqu’un d’important qui peut contribuer à l’éducation des membres de la famille et aux charges diverses. »
Marguerite MOMHA, Communication Inades-Formation Cameroun