En prélude à l’atelier international de réflexion suivi de l’Assemblée Générale du Réseau Inades-Formation, le journal « La Lettre d’Inades-Formation (LIF) » a réalisé une interview avec le Président du Conseil d’Administration International, M. Rukundo Alexis. Il nous parle de son mandat, des perspectives de l’institution et de ses ambitions à la fin de son 1er mandat. Bonne lecture.
LIF: M. le président, vous avez été élu en 2019 et vous voilà au terme de votre 1er mandat. Comment avez-vous vécu cette expérience ?
La responsabilité du Président au sein de l’Inades-Formation requiert une disponibilité et un engagement permanent pour la cause de l’institution. Je suis parti déjà, fort de cette volonté de bâtir sur les acquis des mandats qui ont précédé et d’y apporter une touche qui marque notre présence comme équipe du Conseil d’Administration International (CAI) mis en place en 2019.
J’ai appris l’importance d’une communication efficace et sincère dans la conduite des affaires surtout quand vous devez baser les décisions et les orientations sur les rapports et les éléments portés à votre connaissance par l’équipe du Secrétariat Général (SG). La délégation et le suivi ont été les mots clés et grâce au dispositif mis en place qui permet au Président d’Inades-Formation Cote d’Ivoire d’assurer les aspects administratifs qui, normalement m’incombent dans ma qualité de Président, aucun dossier n’a souffert du retard ou du manque d’attention.
Vous devez bien comprendre que le mandat qui débute juste la veille d’une pandémie comme la Covid-19 nous a imposé des nouvelles manières d’agir avec l’introduction des réunions en ligne et l’adaptation des approches d’intervention en vue d’assurer la poursuite des programmes dans le réseau tout en respectant toutes les mesures barrières en vue de protéger à la fois nos équipes et nos partenaires sur le terrain.
LIF: Quel bilan faites-vous de ces trois années à la tête du réseau Inades-Formation ? Quels ont été les points forts de ce mandat ?
Le bilan reste positif malgré les conditions difficiles dans lesquels le mandat a été exercé. Nous avons avant tout assuré la formation d’une équipe et promu un esprit de confiance et de proximité entre les membres du CAI d’une part et entre le Président et le Secrétaire Général d’autre part.
Je suis d’avis que toute réalisation, si minime soit-elle, a été le fruit d’une collaboration et notre système d’action est basé sur une philosophie de collégialité dans la conception et de solidarité dans l’action, avec comme résultat le partage de responsabilités et de joies.
L’introduction d’un élément de suivi des performances de l’équipe du Secrétariat général avec un accent sur le dialogue interne autour des résultats, l’appui technique permanent des Associations Nationales (AN) et Bureaux Nationaux (BN) qui a vu l’introduction des visites du Président aux AN pour échanger avec les Conseils d’Administration Locaux (CAL) et le personnel sur l’identité Inades-Formation, la relation entre l’Association internationale et les associations nationales, la gouvernance dans le réseau et ses défis dans un contexte d’autonomisation progressive, la solidarité régionale entre Associations Nationales (AN), etc.
Nous avons aussi, dans le cadre de la mise en œuvre d’une résolution de l’Assemblée Générale Internationale (AGI) 2019, développé une politique d’expansion / extension du réseau Inades-Formation et entrepris de manière informelle la prospection en vue d’apprécier la demande dans les différents pays d’Afrique, pour qu’après son adoption par l’AGI-2022, elle soit immédiatement mise en œuvre pour une présence et une visibilité plus large.
Les accords de partenariats avec les ambassades et organisations internationales basées à Abidjan et la participation aux fora régionaux sont le signe d’une plus grande ouverture qui vise à faire valoir notre apport et valoriser notre expérience dans le domaine du développement en Afrique.
Au niveau des actifs de l’organisation, nous avons poursuivi la réflexion qui vise une fructification plus rationnelle des avoirs financiers de l’institution à travers une diversification des investissements. Pour cela une politique interne spécifique a été adoptée et elle est le signe visible d’une plus grande ouverture dans le respect des normes requises de prudence. Le suivi des travaux de construction du nouveau siège a été aussi l’une des priorités et l’on se félicitera que l’inauguration de ce bâtiment pourra bientôt se faire en dépit du défi d’accès qui reste un sujet dont les démarches se poursuivront au-delà du présent mandat, surtout avec les autorités en charge de l’aménagement urbain à Abidjan. Nous n’oublions pas la sécurisation de la propriété de Yamoussoukro qui a pu se faire et le début des réflexions pour sa valorisation dans le cadre d’un projet de formation professionnelle qui vise la jeunesse africaine en général et ivoirienne en particulier.
LIF: Qu’est ce qui a moins bien marché et qui devrait être renforcé à la prochaine mandature ?
Je dois seulement dire que malgré l’abondance des chantiers du premier mandat, nous restons sur notre soif de voir toutes les politiques qui ont été adoptées, débuter leur mise en œuvre. Le mandat 2019-2022 est centré sur la formation d’une équipe et la mise en place des conditions favorable à une vraie action.
Le nouveau mandat devra voir plus de sorties et d’actions concrètes dans l’accueil des nouvelles associations nationales, la concrétisation du projet de valorisation de la propriété de Yamoussoukro, l’inauguration et l’occupation des nouveaux bâtiments du SG et le début de la phase-2 des travaux, l’introduction des solutions alternatives d’investissement, la poursuite de l’accompagnement des AN pour une intériorisation de la philosophie et des approches promues par la famille Inades-Formation. L’accent particulier devra être mis sur une communication plus efficace avec le monde externe aussi bien au niveau du SG qu’au niveau des Bureaux Nationaux.
LIF: La prochaine AGI est prévue pour fin novembre 2022 en Côte d’Ivoire, comment se fait l’organisation et à quel niveau en est-on ?
L’organisation de l’AGI va bon train et nous sommes dans les normes du temps avec le budget de cette activité déjà adopté, la réservation depuis le mois de juin 2022 de l’hôtel Belle Cote qui est l’endroit où se tiendra les travaux, les invitations lancées avec un ordre du jour précis, le choix des délégués des AN et l’échange par les membres associés des AN sur les thèmes de l’AGI qui sont déjà terminés. L’équipe du SG et l’Association Nationale de Côte d’Ivoire travaillent ensemble sur des aspects pratiques du déroulement de l’AGI et des autres travaux connexes et je suis personnellement informé de ce qui se passe.
LIF: Le thème principal de l’AGI est « Quelle prospective pour l’horizon 2040 à Inades-Formation ? », selon vous, quels sont les thématiques sur lesquelles devraient se positionner Inades-Formation pour mieux contribuer au bien commun ?
Selon moi, la poursuite de l’effort de positionnement d’Inades-Formation à la contribution au bien commun passe, notamment, par des thématiques comme : la gouvernance participative, le développement territorial, le développement inclusif, la restauration des écosystèmes et la transition agroécologique, l’agriculture familiale, et le repositionnement des vivres de souveraineté, le changement climatique, la microfinance communautaire, etc.
LIF: Le second thème qui sera évoqué à la conférence internationale qui précède l’AGI porte sur la formation agricole. Pourquoi un tel thème ?
Ce thème a été initié dans un cadre général d’une absence remarquée des politiques publiques de formation professionnelle agricole et rurale ambitieuse, structurée et cohérente face aux besoins réels d’insertion professionnelle des jeunes en milieu rural et de la formation continue des agriculteurs.
Sous l’impulsion de la Banque Mondiale, le processus de rénovation des stratégies nationales de formation agricole et rurale (SNFAR) a été initié à partir des années 2000 et sur le plan opérationnel, un engagement fort de certains États et de leurs partenaires à l’international s’est exprimé pour le développement des dispositifs de formation agricole et rurale avec des appuis conséquents.
C’est donc devant cette ouverture des États et des Partenaires techniques et financiers que, fort de son expérience dans le domaine et soucieux de contribuer au développement de l’Afrique en mettant à contribution tout son arsenal d’approches et d’outils, Inades-Formation veut remettre la formation au centre des débats au sein du réseau en vue de lui donner un nouvel élan. Il s’agira notamment d’engager le débat sur les mécanismes appropriés pour rénover et amplifier les offres de formation agricole et rurale et mener des réflexions sur le repositionnement de l’ingénierie de formation qui par le passé, a fait d’Inades-Formation, une institution de référence.
LIF: A combien de participants devrons-nous nous attendre pour cette AGI ?
L’AGI-2022 recevra 44 participants, répartis comme suit : 13 membres du Conseil d’Administration International, 10 représentants des Associations nationales élus par les associés nationaux– en raison d’une personne par AN et 21 délégués des Associations Nationales élus par les collèges des associés internationaux, résidents dans les dix (10) pays respectifs d’implantation.
A ce nombre, s’ajouteront des invités (partenaires et autorités ivoiriennes), des personnes ressources, quelques membres associés d’Inades-Formation Côte d’Ivoire qui participeront à la conférence internationale organisée en marge de l’AGI. Le personnel du Secrétariat Général et du Bureau National d’Inades-Formation Côte d’Ivoire seront fortement impliqués dans l’organisation technique et logistique.
LIF: Sans être indiscrète, puisque les textes de l’association le permettent, aimeriez-vous briguer un second mandat ?
Je comprends mieux l’environnement et je sens encore en moi la force, l’engagement et le courage. Je ne vois pour le moment, aucune raison de ne pas soumettre mon désir de servir à l’appréciation des membres d’Inades-Formation lors de l’AGI-2022.