Dès le lancement de la Nouvelle Alliance pour la Sécurité Alimentaire et la Nutrition (NASAN), Inades-Formation comme bien d’autres organisations de la société civile, avait marqué ses inquiétudes face aux risques potentiels que constituait cette initiative pour les populations et agriculteurs familiaux du Sud.
La NASAN, rappelons-le, est une initiative des pays membres du G8, lancée en 2012, avec pour ambition de faire reculer la faim en Afrique et « sortir 50 millions de personnes de la pauvreté d’ici 2022 » en drainant des investissements privés dans le secteur agricole. Et cela grâce à des dispositifs réglementaires attractifs et le soutien des bailleurs étrangers.
En 2014, Inades-Formation s’est engagée à mettre à la lumière les effets négatifs de la NASAN à travers une étude d’impact du partenariat public privé sur la performance globale du secteur agricole en Côte d’Ivoire et particulièrement dans le sous-secteur rizicole.
Il s’agissait d’examiner les questions de participation des « supposés bénéficiaires », de gouvernance et de performance (effectivité des engagements pris) de la NASAN en Côte d’Ivoire.
Les modèles de production de trois (3) entreprises de négoce dites leaders de pôles rizicoles ont, ainsi, été analysés. Il s’agissait notamment de la société Yaanovel (issue du groupe Interval Genève SA), des négociants Export Trading Group (ETG) et Louis Dreyfus Commodities (LDC). Ces entreprises avaient pour mission d’impulser la production du riz en Côte d’ivoire grâce à leurs investissements.
Comment confier l’essor du secteur riz à des entreprises de négoces qui non seulement manquaient d’expertise dans la production agricole mais également se préoccupait plus d’engranger davantage de bénéfices à la pratique de leurs activités habituelles de négoce plutôt que de soutenir la production locale ? Sans équivoque, le projet était condamné à l’échec.
L’analyse a démontré que, loin de contribuer à la réalisation de la Sécurité Alimentaire et à la réduction de la pauvreté, la NASAN a des conséquences graves sur les agricultures familiales. L’étude révèle entre autres que la NASAN :
- a été mise en place sans la participation de la société civile des pays hôtes ;
- favorise l’accaparement de terres ;
- conduit à un endettement des producteurs ;
- encourage la privatisation des semences ;
- etc.
Plusieurs autres pays ont connu les mêmes résultats. C’est notamment le cas du Burkina Faso où la NASAN a suscité beaucoup d’espoir mais en fin de compte s’est soldée par une désillusion, des craintes et critiques pour les acteurs locaux du développement agricole local. Ainsi, face au non-lieu des résultats en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso, la France qui coordonnait la mise en œuvre de la NASAN au Burkina Faso vient d’annoncer son retrait de cette initiative.
Nous espérons que cet acte interpellera toutes les parties engagées dans cette alliance.
L’exclusion des organisations paysannes de la gouvernance, l’absence de cadre de redevabilité et la priorisation des multinationales au détriment des acteurs locaux ne sont pas les remèdes de la lutte contre la faim.
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