En collaboration avec Inades-Formation Burundi, le Ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage « MINEAGRIE » a organisé, le lundi 4 mars 2024, un atelier de réflexion et de planification des actions de prévention et d’adaptation aux risques météorologiques, essentiellement pour la saison 2024B et 2024C. Cet atelier a été rehaussé par la présence de Son Excellence, Monsieur Ir DODIKO Prosper le Ministre du MINEAGRIE. Entouré par le Directeur d’Inades-Formation Burundi et la Déléguée du Maire de la Ville de Bujumbura, le Ministre a dans son discours d’ouverture reconnu la franche collaboration avec ses partenaires. Il encourage la synergie d’interventions pour faire face aux risques météorologiques et changement climatique.
Une forte participation nationale
La participation a été massive. Nous citons entre autres, les hauts cadres du MINEAGRIE et autres ministères sectoriels clés, l’Union Européenne, la Banque Mondiale, la Banque Africaine de Développement, l’Autorité du Lac Tanganyika le PAM, les ONG internationales et nationales, les Organisations d’Appui et de Producteurs Agricoles membres du Groupe de Plaidoyer Agricole « GPA », les chercheurs et professeurs des universités et les médias.
Des prévisions de risques climatiques et ses impacts
Cette mobilisation s’explique par l’objet de l’atelier, d’un grand intérêt. Il s’agit de la présentation de la note des prévisions météorologiques saisonnières de mars à mai (MAM) 2024 par l’Institut Géographique du Burundi « IGEBU ». Cette note laisse des inquiétudes sur les risques dans le secteur agricole, environnemental et élevage.
La note démontre en effet, que les précipitations seront excédentaires dans la majeure partie du pays composée par les régions naturelles de Mugamba, Buyenzi et une partie de Mirwa. Le reste du pays aura des précipitations normales à tendances excédentaires. Aussi, la note de prévision montre que la fin de la saison est projetée vers la fin du mois de mai 2024 dans la grande partie et que les températures seront supérieures à la normale durant toute la période MAM 2024 à l’échelle nationale.
Les implications sont diverses. Le chargé de la sécurité alimentaire au ministère a présenté les implications positives et négatives de ces prévisions dans les différents secteurs, principalement dans le secteur de l’agriculture et de la sécurité alimentaire en vue de réfléchir aux actions de prévention et d’adaptation aux risques probables.
Les implications positives sont en l’occurrence (1) les meilleures perspectives d’amélioration de la performance agricole suite à l’augmentation des précipitations et par conséquent de l’humidité sur la grande partie du pays ; (2) les cultures de la saison (haricot, maïs, soja, pomme de terre, patate douce, légumes, fruitiers, etc.) pourront avoir une durée culturale suffisante et une amélioration de la performance dans la durée de leur maturité ; (3) augmentation du fourrage pour l’alimentation des animaux herbivores ; (4) réduction de la prolifération des chenilles légionnaires (maïs) suite aux conditions pluviométriques favorables ; (5) augmentation des produits issus de l’élevage comme le lait, la viande et autres sous-produits de l’élevage contribuant à l’amélioration de la sécurité alimentaire de l’agri-éleveur.
Parmi les implications négatives évoquées, on peut citer (1) le risque de prolifération des maladies fongiques des cultures suite à l’humidité élevée ; (2) le risque de destruction des infrastructures d’irrigation à cause des pluies diluviennes ; (3) l’ érosion des sols cultivables pour les exploitations agricoles mal/non aménagées ; (4) les inondations dans les plaines et marais ; (5) pertes post-récolte si les pluies interfèrent avec les récoltes (pour les cultures qui ont été semées précocement) ; (6) augmentation des maladies liées à une prolifération des parasites tant internes qu’externes pour le secteur de l’élevage ; (7) destruction des routes et des ponts qui pourraient rendre difficile l’approvisionnement des marchés en produits de première nécessité y compris les denrées alimentaires ; (8) éboulement des terres qui pourraient se déverser sur des routes et entraver la circulation des biens et des personnes , ces éboulements de terre peuvent également emporter des cultures installées dans ces endroits ; (8) augmentation continue des eaux du lac Tanganyika avec une probabilité élevée d’envahir des habitations se trouvant au bord de ce lac et créer le déplacement de la population riveraine.
Des propositions pour minimiser les risques climatiques
Face à cette situation et selon son expérience, Inades-Formation Burundi a partagé certaines mesures pratiques de prévention et d’adaptation au changement climatique.
Le responsable des programmes à Inades-Formation Burundi, conférencier sur ce sujet s’est référé exclusivement aux pratiques promues par l’organisation. Ces dernières sont généralement liées aux systèmes alimentaires durables, basés sur l’Agriculture Familiale. Il a expliqué et illustré l’importance de quelques mesures appliquées à savoir l’agroforesterie multi-utilitaire, l’aménagement intégré des bassins versants, la promotion de l’agriculture familiale en intensifiant l’association des cultures dont celles résistantes aux précipitations abondantes.
Dans un contexte de fortes précipitations, l’utilisation de la matière organique a été recommandée dans la fertilisation car améliore la porosité du sol et permet ainsi l’infiltration de l’eau de pluie. La gestion rationnelle de la production disponible devrait être un préalable par l’usage des méthodes naturelles de conservation. Pour ne citer que cela. Avant de terminer son exposé, le représentant d’Inades-Formation Burundi a interpellé tous les intervenants dans le secteur agricole, publics et privés, de bannir la mauvaise pratique qui consiste à produire après avoir détruit les boisements et les forêts mais plutôt à s’aligner au principe « Produire sans détruire ».
Pour cheminer vers une planification complète, une petite équipe composée par les cadres du MINEAGRIE et des partenaires dont Inades-Formation Burundi, a été mise en place. L’équipe a compilé les actions proposées par les participants pour en faire un plan complet à présenter aux différents partenaires aux développements impliqués pour l’engagement d’appui.
Le MINEAGRIE a remercié Inades-Formation Burundi pour sa collaboration dans l’organisation de ces assises. Les mesures de prévention et d’adaptation aux effets du changement climatique mises en œuvre par Inades-Formation Burundi ont été appréciées par les intervenants au cours de cet atelier.
Publié par Richard HAVYARIMANA
Chargé du Plaidoyer et Communication