L’accès des producteurs aux semences de qualité est primordial dans le processus de production agricole durable. Cependant, plusieurs statistiques indiquent que plus de 80% des semences utilisées en Afrique sub-saharienne sont des semences paysannes (moins de 20% de semences certifiées).
En effet, selon une publication de GRAIN du 08 avril 2015, en Afrique, les semences paysannes représentent 80 à 90 % des semences plantées chaque saison. En Asie et en Amérique latine, ce pourcentage oscille entre 70 à 80 %. Et pourtant, d’une manière générale, les lois semencières en Afrique décrètent les semences paysannes illégales et les qualifient d’inadaptées (cas de pays, cas Amérique latine). Que faire alors de ces environ 80% de semences utilisées par les producteurs en Afrique et qui sont appelées semences paysannes ?
Face à cette situation, Inades-Formation a conçu le modèle « Entreprenariat semencier paysan (ESP) » pour promouvoir l’autonomie des paysans sur les semences. L’ESP est un concept qui consiste à permettre à un ensemble d’exploitants agricoles de s’organiser pour produire et gérer les semences afin de satisfaire leur besoin et celui du marché local. L’ESP a un double objectif : valoriser les semences produites par les paysans/paysannes et préserver les variétés locales en voie de disparition.
En RD Congo, dans la Province du Kwilu, dans le cadre du Projet BD, cinq unions de producteurs agricoles accompagnées par Inades-Formation Congo à travers son Antenne de Kikwit (Coop MIKWI, FODESIA, UFPAD, RPBM et UADNTO) se sont engagés en 2016 dans l’expérimentation de l’entreprenariat semencier paysan et à ce jour, la production et la diffusion de semences d’arachide et de maïs dans les ménages sont effectives. Les semences R1 sont produites dans deux Centres semenciers paysans de proximité (CSPP) gérés par les unions et les semences R2 destinées aux ménages sont produites par les agri-multiplicateurs membres des unions.
Afin de garantir la qualité des semences paysannes produites, les unions ciblées et leurs partenaires (Inades-Formation Congo et Service national semencier du Congo (SENASEM)) se sont réunis avec l’appui du Secrétariat général d’Inades-Formation du 21 au 25 août 2017 à Djuma pour mettre en place un système de contrôle endogène de la qualité des semences.
Dans ce système, les unions vont organiser le contrôle des champs semenciers (CSPP et agri-multiplicateurs) par des contrôleurs endogènes appelés Paysans agents de qualité (PAQ).
Deux types de contrôle seront réalisés : les inspections au champ et l’auto-contrôle dans les magasins de stockage
Pour l’inspection au champ, il s’agira de :
- Identifier l’agriculteur et localiser le champ (l’environnement du champ, accessibilité, etc.)
- Authentifier la semence (origine, quantité, catégorie)
- Identifier la variété
- Rechercher l’antécédent cultural
- Détecter un mélange avec d’autres variétés ou d’autres espèces
- Evaluer la contamination par des adventices nuisibles
- Vérifier l’isolement dans l’espace
- Evaluer l’état général de la culture (Développement végétatif, état sanitaire, etc.)
Quant à l’autocontrôle (contrôle laboratoire), il portera essentiellement sur :
- La faculté germinative
- La teneur en eau
Une visite de terrain de l’OP MWENENDJOK et de l’Union Coop MIKWI a permis d’échanger avec les acteurs à la base sur le contenu du dispositif de contrôle endogène de qualité des semences mis en place et de recueillir leur avis pour consolider le dispositif.
Par ailleurs, ce système permettra aux unions de producteurs agricoles ciblées de mieux collaborer avec le SENASEM notamment dans l’agrément des unions et agri-multiplicateurs dans la production de semences, dans le renforcement des capacités des PAQ et l’accréditation des unions productrices de semences en contrôle semencier pour la certification des semences.
La mise en place de ce système de contrôle endogène de la qualité des semences constitue une étape importante dans le développement de l’Entreprenariat semencier paysan engagé par les producteurs agricoles dans cette province du Congo.